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Panty and Stocking with Garterbelt : les anges de la débauche

Sous ce nom un poil coquin se cache un anime des créateurs d’Evangelion et de Gurren Lagann sur deux soeurs anges combattant des démons.

Il arrive parfois qu’un concept de série d’animation vous surprenne par sa qualité. Même si les goûts et les couleurs de chacun diffèrent, ainsi que les sensibilités à certains choix scénaristiques, visuels, et musicaux, il peut arriver un miracle.

Un miracle qui réunit ces trois catégories, qui les marie avec brio et qui vous fait passer du rire à l’excitation en un instant. De l’exhibitionnisme, des délires légèrement fétichistes avec les vêtements et des combats ultras nerveux : bienvenue dans Panty et Stocking.

Constituée de 13 épisodes parus entre octobre et décembre 2010 au Japon, Panty and Stocking est une sorte de seinen qui ne se prend à aucun moment au sérieux. Concentré d’action, de comédie, avec une grosse pincée de sous-entendus sexuels et de pop-culture, Panty and Stocking est née dans le studio GAINAX, et plus particulièrement de l’esprit de Hiroyuki Imaishi, qui s’est illustré notamment avec Gurren Lagann.

Toutefois, un petit disclaimer s’impose : Cette série, malgré le style visuel très cartoon, n’est pas pour un public non averti. De ce fait, afin d’en saisir toute l’essence ainsi que les blagues sexuelles, il est conseillé d’avoir au moins 17 ans pour regarder les 13 épisodes de Panty and Stocking with Garterbelt. Vous voilà prévenus.

Made by otakus, for otakus

Pour présenter Panty and Stocking, je vais parler tout d’abord du studio qui en est responsable : GAINAX. Pour présenter brièvement ce studio d’animation renommé à qui l’on doit entre autres Neon Genesis : Evangelion, Gurren Lagann, les OAV FlCl et Otaku no Video, sachez qu’il a été créé en 1984 à Mitaka (Japon) par Hideaki Anno. Si le nom vous est inconnu, sachez qu’il a d’abord travaillé comme animateur auprès d’Hayao Miyazaki sur Nausicäa de la vallée du vent avant de créer son propre studio.

GAINAX produit généralement des séries d’animation, des OAV, mais il lui arrive également de créer d’autres projets, comme des jeux vidéo, dont les plus connus sont les Princess Maker sur Super Famicom. C’est une série de jeux plutôt drôle où l’on s’occupe d’une princesse et de l’éduquer : à vous d’en faire une future reine tolérante et agréable, ou bien la pire des despotes.

Quand on parle de GAINAX, on évoque souvent Trigger Inc. Il s’agit d’un studio fondé en 2011 par d’anciens membres de GAINAX (Hiroyuki Imaishi et Masahiko Ohtsuka). Il s’est déjà fait une réputation dans le milieu de l’animation avec My Little Witch Academia, Kill la Kill, et Space Patrol Luluco. Si je parle de Trigger dans cet article, c’est que Panty and Stocking partage la même nervosité que les combats de Kill la Kill, et pourrait -presque- constituer une suite spirituelle dans ses délires vestimentaires et corporels.

Music for a lustful generation

Avant de parler de la série, je tiens à évoquer également sa musique, qui est d’une excellente qualité. On la doit à l’artiste japonais Teddyloid qui, non content d’être pote avec Hideki Naganuma (le soundtrack de Jet Set Radio, c‘est surtout lui), s’illustre ici en donnant à la série son ambiance musicale rapide, délirante, et qui est à l’image de ce qui se passe à l’écran. Né en 1989, il a également été membre du groupe galaxias! et s’est fait connaître en remixant de nombreux artistes pop japonais.

Il a également co-composé ME!ME!ME!, qui est un clip musical fantastiquement bien réalisé sur un otaku qui paie le prix d’avoir préféré une waifu (un terme désignant une petite amie imaginaire et fantasmée, très utilisée par les otakus) à sa vraie copine, avec notamment des textes durs, et des plans à la symbolique réussie. L’animation est signée par certains animateurs de GAINAX pour le projet Nihon Animator Mihonichi et dans le cadre de la Japan Animator Expo et s’est fait notamment remarquer par son imagerie sexuelle et sa nudité qui a donné beaucoup de vidéos de réactions sur Internet. La musique, elle, mélange plusieurs styles en rythme avec les scènes du clip, pour un résultat final très recommandable, mais pour un public averti là aussi.

Pour Panty and Stocking, il réalise deux CD, le soundtrack officiel et le « Worst Album », qui composent la bande-son de cet animé. On y trouve du Dubstep, de l’Electro, du Drum and Bass et même de la musique romantique optionnellement agrémentée d’orgasmes. C’est deux albums qui n’ont jamais quitté mon baladeur en presque 3 ans. Les morceaux sont nerveux, assez énergiques et illustrent parfaitement la série, surtout quand elle décide qu’un sursaut d’adrénaline après quelques fous rires est bienvenu.

Come on ladies, let’s go party

Le pitch de Panty and Stocking with Garterbelt (à traduire littéralement par Culotte et Collants avec Porte-Jarretelles) est aussi absurde que son nom. Dans la ville de Daten City, d’apparence moderne et banale, mais étant un purgatoire entre le Paradis et l’Enfer, résident deux anges déchus. Localisées dans une petite église, ces deux sœurs vont tenter de regagner leur rang auprès des Anges en récoltant des Heaven Coins, leur sésame pour accéder à nouveau au Paradis.

Et à celles et ceux qui attendaient des filles anges “droites dans leurs bottes” et avec des "valeurs", malgré l’aspect visuel rappelant Le Laboratoire de Dexter ou Les Super Nanas, Panty et Stocking se situent à des lieues de cette image christique et morale. Panty est une blonde nymphomane transformant sa culotte en pistolet et qui passe son temps libre à avoir des relations sexuelles et faire n’importe quoi. Stocking est une gothic lolita aux collants transformables en katanas et adore manger des sucreries, car « les sucres vont dans ses seins » si l’on en croit son hypothèse.

Ces deux électrons libres sont « modérés » par Garterbelt, un pasteur afro aux tendances assez bizarres, et Chuck, leur mascotte horripilante qui sert de souffre-douleur. Il leur arrive d’être accompagnées par Brief, un jeune geek rouquin en tenue de Ghostbusters qui est follement amoureux de Panty. Cette équipe de bras cassés va lutter contre les Ghosts, des représentations monstrueuses et grotesques des frustrations de récents défunts.

Qu’il s’agisse d’un Ghost né d’un homme décédé aux toilettes, ou d’un autre accro à la vitesse, ils possèdent tous une existence, sont tous ridicules, et donnent des situations drôles, avec les références sexuelles (souvent évoquées par Panty), l’action délirante, et un humour omniprésent.

Sisters of Anarchy

Panty and Stocking with Garterbelt possède beaucoup de points forts, même si cet animé fut accusé d’être un “tueur de Noël”. En effet, la diffusion a eu lieu au Japon entre le 1er octobre et le 24 décembre 2012, et le final ayant surtout surpris beaucoup de personnes, GAINAX fut vu comme un “gâcheur de Noël”. Outre cette petite anecdote, voici les bonnes raisons de regarder cet animé.

Déjà, la série en elle-même.  Elle comprend 13 épisodes d’environ 45 minutes divisés généralement en deux sous-épisodes d'à peu près 22 minutes, donnant tout autant d’occasions de mettre nos deux anges déchus dans des situations pleines de débauche, d’action et de blagues qui sont tellement bien senties et lancées au bon moment que c’est impossible de ne pas rire. Ce serait comme si Bayonetta passait en mode cartoon et s’était retrouvée dans une version South Park. Ça va vite, on s’ennuie jamais, et les références pleuvent. Mention spéciale au clip de musique dans un pur style MTV, avec de nombreux plans rappelant entre autres Gorillaz, The Rasmus, Marilyn Manson, The Beatles, Lady Gaga, pour ne citer qu’eux.

Ensuite, impossible de ne pas parler des personnages. Si vous pensez qu’on ne pouvait pas faire mieux que Panty et Stocking, et bien vous vous trompez. Tous les personnages secondaires sont hilarants, surtout les Demon Sisters, qui malgré leur aspect démoniaque sont attachées à un code d’honneur. Leur personnalité, leurs gimmicks, et chacune des mises en situation sont autant de moyens de s’attacher à tous ces protagonistes. Et bien sûr, si ce n’était pas assez, je n’évoquerai pas le fin mot de cet animé (ou du moins, cette saison 1… ?) qui part littéralement dans tous les sens, avec encore plus de références sexuelles et d’action.  

Donc, Panty and Stocking ? Pour peu que vous ayez au minimum 17 ans, ce sont deux filles badass mais qui n’ont pas DU TOUT la tête de l’emploi, des ennemis débiles et de la musique qui rythme le tout. Ceci avec en plus une animation qui fait des références pop-culture ou qui switche entre le cartoon et l’animation japonaise dans un style visuel proche de Kill la Kill. C’est du plaisir pour les yeux, les oreilles… et probablement autre chose.

1 commentaire

  1. Nedry
    Le 16 février 2017 à 19:31

    Ô merci de parler de Panty and Stocking et surtout de Hiroyuki Imaishi dont les œuvres sont aussi singulières que complètement folles, toujours avec et aspect cartoon (que je rapproche parfois de Tex Avery mais ce n'est que mon opinion). Etant un grand fan des studios Gainax et Trigger je ne peux que conseiller le visionnage de toutes leurs oeuvres. PS : Little Witch Academia a d'ailleurs eu droit à une saison entière cette année et ça c'est cool.

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