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Dario Argento, le maître de l’horreur made in Italy

Cinéaste italien né à Rome en 1940, Dario Argento est un des acteurs majeurs de la scène horrifique européenne, ayant acquis un succès considérable dans les années soixante-dix, en même temps qu’une réputation mondiale qui lui ont valu les surnoms de magicien de la peur, de maître de l’horreur, ou encore de maître du giallo

Poète de la pulsion criminelle et esthète du macabre, Dario Argento a réussi a créer avec des films comme L’uccello dalle piume di cristallo (1970) ou encore Profondo rosso (1975) un nouveau cinéma de l’horreur riche en symboles et en sensations fortes répondant au nom de giallo. Ce registre cinématographique, tout comme les romans policiers transalpins à couverture jaune (giallo signifiant jaune en italien) dont il se réclame, mêle habilement mystère et meurtres, tout en s’inspirant des films à suspense américains auxquels s'ajoutent des scènes gothiques et baroques à la violence très stylisée. Bien que baignant dans un climat angoissant et horrifique à la fois, le concept du giallo est pourtant simple et efficace : durant tout le film, un assassin aux mains gantées et dissimulé dans l’ombre, assassine à l’arme blanche toute une série de personnes (mais tout de même des femmes de préférence), jusqu’à la révélation finale de son identité où l’on comprend enfin que son mobile provient d’un trauma psychologique. Partant toujours d’un même postulat de départ, Dario Argento arrive avec chacun de ses films à renouveler le genre en développant des idées et des règles originales et surprenantes : protagoniste qui endosse la casquette de détective, succession de meurtres de plus en plus violents, éléments visuels très stylisés et théâtralisés, rituel des homicides, caméra subjective qui adopte le point de vue de plusieurs personnages, musique angoissante et frénétique, fascination pour l’érotisme et les scènes sanglantes...

PIONNIER D'UN GENRE CINEMATOGRAPHIQUE

L’engouement pour ce nouveau registre cinématographique ne se fit pas attendre et devint même très populaire en Italie dans les années soixante-dix. Sous l’égide d’Argento, le genre devient un laboratoire expérimental cinématographique basé sur la folie, la pulsion criminelle et le macabre, et de nombreux cinéastes poursuivent dans la même veine (avec son titre animalier énigmatique, L’uccello dalle piume di cristallo (L’oiseau au plumage de cristal), Argento ouvre la voie à d’autres cinéastes : La coda dello scorpione (La queue du scorpion) de Sergio Martino, La tarentola dal ventro nero (La tarentule au ventre noir) de Paolo Cavara...). L’émergence et le succès de ce type de films ont été favorisés par le climat politique et social instable de l’Italie durant les années de plomb, caractérisé par des séries de meurtres qui ont amenées les gens à nourrir des soupçons à l’égard de tout et de tous. La porte est ainsi ouverte à un glissement vers l’irrationnel, la suspicion et la paranoïa, sur fond de théorie du complot (qui devient même familial dans les films d’Argento). Les films giallo ont donc une saveur typiquement italienne, mais se mêlent habilement avec les canons du genre fantastique, en respectant les stratégies de la peur ainsi que la logique du cinéma horrifique. 

Devant le succès toujours plus croissant de ses films à la vision unique en son genre, Argento put se bâtir une solide renommée, devenant ainsi un phénomène, voire même un prodige de l’épouvante. Réputation d’autant plus méritée qu’il signe une étape importante du cinéma fantastique avec la réalisation de Suspiria en 1977, conte de fées moderne aux accents oniriques et angoissants, considéré, plus qu’un classique du genre, comme un des meilleurs films d’horreur de tous les temps aux côtés de chefs-d’œuvre tels que L’exorciste (1973) de William Friedkin, ou Shining (1980) de Stanley Kubrick. Abandonnant volontiers les grandes figures traditionnelles de la peur, Argento développe avec Suspiria un univers fantasmagorique et étrange, fondé dans la recherche de l’effet visuel. Effet efficacement angoissant qui l’amène dans ses films successifs à s’éloigner des sentiers battus du genre fantastique pour s’aventurer à l’intérieur de nouvelles contrées beaucoup plus réalistes, mais ô combien plus riches en émotions fortes. 

À L'EPREUVE DU TEMPS

Cependant à partir de la seconde moitié des années quatre-vingt, le public commence à se lasser des éternelles intrigues occultes et rituels sanglants chers à Argento, reprochant au cinéaste son incapacité à se diversifier. Malgré un goût toujours plus prononcé pour l’expérimentation technique et les recherches visuelles, Argento ne réussit pas à renouer avec le succès et demeure isolé cinématographiquement en Italie étant donné que lui seul s’évertue encore aujourd’hui à œuvrer dans la veine fantastique.

Bien que de nos jours Dario Argento ait tendance à être méconnu du grand public tout en étant discrédité par la critique, ses nombreux fans de par le monde lui vouent toujours une sorte de culte, ses films ne cessent d’être étudiés dans les écoles de cinéma, et de nombreux cinéastes tels Brian de Palma ou John Carpenter ne cachent pas une certaine admiration et inspiration à son égard. Devant cette perte d’intérêt relative, Argento reste toutefois très prisé dans les festivals (il a été président du festival de Gérardmer en 2011) et apparaît régulièrement à la télévision, ce qui continue à lui conférer cette aura et reconnaissance horrifiques gagnées dans les années soixante-dix. Quoi qu’il en soit, malgré ce que la critique ou le grand public aient pu dire ou penser, force est de constater que Dario Argento est un auteur à part entière, et que derrière des films empreints d’onirisme et de surréalisme se profile une œuvre complexe dont la mise en scène excentrique et audacieuse parvient à faire plonger le spectateur au cœur d’un cauchemar sensoriel et métaphysique. 

A la vision d’un film d’Argento, le spectateur est d’abord frappé par une abondance de détails qui le force inconsciemment à être très attentif, puis il se retrouve à ne plus savoir où donner de la tête entre l’importance du motif du regard qui lui donne l’impression d’être constamment surveillé, et les alternances sans transition entre beauté et horreur, sublime et caricature qui provoquent une confusion entre les pôles. Ces divers procédés permettent à Argento de satisfaire une de ses préoccupations cinématographiques premières, c’est-à-dire conférer une certaine importance à l’image dans ses films car celle-ci entretient des rapports étroits avec le personnage et/ou le spectateur. Dans son cinéma, un élément minime peut en effet faire précipiter le personnage dans un autre monde (Inferno), ou donner au spectateur la clef de l’énigme (Phenomena). Un film de Dario Argento, où tout n’est qu’illusion et étrangeté, se présenterait donc comme une succession d’images à déchiffrer.

Pour illustrer cela, Jean Baptiste Thoret parle de quête de l’image. A cette entreprise s’ajoute le fait qu’Argento se plaît à exploiter le trauma comme mobile de ses assassins, mais comment se manifeste un trauma sinon comme une série d’images dissimulées au plus profond du passé d’un individu et qui reémergent tout à coup. Argento ne se contente toutefois pas seulement de créer des phénomènes de sortie d’image (image qui s’échappe du subconscient d’un individu) car il privilégie (et cela est une composante essentielle de son cinéma) les pénétrations des personnages ou des spectateurs au sein même de l’image. 

Le cinéma étant par nature un art visuel, l’image constitue un terrain d’exploitation propice aux manifestations des phénomènes fantastiques à l’écran. La question que l’on est toutefois en droit de se poser est : comment une simple image réussit-elle à bouleverser l’équilibre rationnel d’un récit cinématographique qui se veut par définition, si l’on en croit les frères Lumière, être seulement une représentation de la réalité ? Ce questionnement ouvre le bal à une profusion d’éléments surnaturels visant à confondre et à perturber personnages et spectateurs. Pari réussi car le succès des films fantastiques ne s’est jamais démenti durant toute l’histoire du Septième Art. Fort de cet engouement et de cette étude constante sur l’image, Dario Argento livre une œuvre sombre et complexe où le moindre détail a son importance. Le spectateur, devenant ainsi pleinement acteur du film, doit apprendre à discerner les indices enfouis dans l’image afin de pouvoir résoudre les mystères qui se présentent à lui. En effet dans un film d’Argento, tout est visible et sujet à interprétation, si bien que le personnage en même temps que le spectateur doit se consacrer à une quête de l’image pour trouver les réponses à ses questions, et atteindre la vérité. 

Le collectif POP FIXION vous conseille la lecture du livre de l'auteur de cet article, Julien Astorino, pour approfondir votre connaissance de l'oeuvre de Dario Argento.

Que vous soyez passionné par Dario Argento, ou que vous soyez simplement féru de cinéma fantastique, Voyage au cœur des Ténèbres est un livre fait pour vous. Ecrit dans une langue accessible et doté d’analyses complètes et passionnantes, mon essai est en mesure de contenter aussi bien le néophyte en la matière que l’aficionado le plus exigeant. En tant que passionné de cinéma, j’ai voulu avec Voyage au cœur des Ténèbres livrer une étude critique de l’œuvre cinématographique du Maître de l’horreur italien qu’est Dario Argento. Analysant l’importance de l’image dite “fantastique” de ses films (et en particulier comment la notion de fantastique émerge à l’écran et quelles sont les rapports que celle-ci entretient avec les personnages et/ou les spectateurs), mon essai se propose également de faire découvrir ou apprécier l’œuvre de ce formidable artisan du Septième Art. 

L’objectif de mon étude est de traiter de l’importance de l’image dans les films de Dario Argento, et d’analyser les différents rapports que celle-ci entretient avec les personnages et/ou les spectateurs. En prenant en compte toutes les possibilités de l’appareil cinématographique, étudier le développement d’une image fantastique à l’écran amène à nous demander comment le cinéma peut faire naître le trouble et la peur à la fois chez les personnages et les spectateurs. En m’appuyant sur l’importance de l’image, je cherche avec Voyage au cœur des Ténèbres à mettre en évidence ce qui fait la particularité des films d’Argento afin de connaître les objectifs cinématographiques de ce cinéaste. 

Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à vous rendre sur Lulu.com ou dans les boutiques Hisler-Even (Metz et Thionville), ou composez tout simplement le 06 83 01 53 81 pour prendre commande auprès de l’auteur même (dédicace assurée).

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